lundi 18 janvier 2016

Terre de Feu


 7 au 13 janvier

Vol sans histoire d'Auckland à Santiago dans un Boeing 787 ("Dreamliner") tout neuf. A la douane chilienne, les mêmes chiens renifleurs de fruits et légumes qu'en Australie et Nouvelle-Zélande, mais contrôles nettement moins approfondis. Nuit dans un hôtel sur l'aéroport et le lendemain, vol pour Punta Arenas par grand beau temps, qui nous permet de voir et même de photographier d'en haut les glaciers et montagnes que nous parcourrons plus tard (Mont Fitz Roy, glaciers se jetant dans le Lago Argentino, Torres del Paine). Mais nous gardons ces photos pour les articles correspondants!

Punta Arenas, la plus au sud des villes du continent, est le principal port du détroit de Magellan, qui sépare le continent américain de la Terre de Feu, ou relie l'Atlantique et le Pacifique, selon qu'on est terrien ou marin. La ville se trouve dans la partie centrale du détroit, là où il est le plus large et forme une mer intérieure. Elle s'est développée vers 1900 sous l'impulsion des magnats de la laine et de la viande.

De Punta Arenas, nous embarquons le soir du samedi 9 janvier pour une croisière de 4 jours vers le cap Horn puis Ushuaia, en passant par les chenaux intérieurs séparant les différentes îles de la Terre de feu. Notre bateau, le Stella Australis, embarque environ 150 touristes et 60 hommes d'équipage.

Avant le départ, nous essayons les gilets de sauvetage
Après une nuit plutôt mouvementée (la mer est agitée et fait tomber les objets posés en hauteur), nous entrons dans un fjord abrité, la baie Ainsworth, où le bateau jette l'ancre par un beau soleil en vue d'un glacier descendant de la cordillère de Darwin, le glacier Marinelli

Première descente à terre, grâce aux zodiacs embarqués sur le bateau


La sortie suivante se fait uniquement à bord des zodiacs sans descendre à terre, car il s'agit d'observer des colonies d'oiseaux installés sur des îlots sans les déranger.

Cormorans des rochers (Phalocrocorax magellanicus)


Cormorans impériaux (Phalocrocorax atriceps)


Un intrus se cache dans cette photo. Saurez-vous le découvrir ?


Pingouins de Magellan

Après la visite aux oiseaux, nous nous engageons dans la soirée dans un passage plus étroit, le chenal Gabriel, tandis que le ciel se couvre
Cascades tombant d'un glacier dans la mer
Sortie du chenal
La nuit tombe

La deuxième nuit à bord est moins agitée que la première, mais le lendemain matin, nous constatons qu'il a neigé
La sortie en zodiac de la journée, vers le glacier Pia, se fait sous un ciel plus que menaçant
Le front du glacier, qui plonge dans la mer, est surmonté de séracs impressionnants

Des pans de glacier s'effondrent régulièrement dans la mer (trois fois pendant les deux heures que nous y avons passées)
Juste à côté du glacier Pia, un glacier "noir" (couvert de rochers) descend lui aussi vers la mer
On se rembarque pour rentrer sur le bateau
Une éclaircie nous permet d'admirer les montagnes de l'île Gordon
Puis nous nous engageons dans un chenal appelé "avenue des glaciers". En une heure de navigation, on peut apercevoir cinq glaciers tombant dans la mer (ou s'arrêtant à proximité immédiate) depuis la cordillère de Darwin. L'explorateur qui leur a donné leurs noms, le père De Agostini, a choisi pour quatre d'entre eux des noms de pays, Alemania, Francia, Italia et Holanda, et pour le cinquième (le premier dans notre sens de navigation), le nom du bateau de l'expédition française qui a exploré la région en 1882, la Romanche.
Le glacier "Romanche" se déverse dans la mer par une énorme cascade
Pas de photo du glacier suivant, le glacier allemand, caché dans des nuages épais, mais signalé sur le bateau par une distribution de chopes de bière et l'Ode à la joie.

Le glacier Francia, annoncé sur le bateau par des coupes de champagne et des chansons de Piaf
Le glacier italien, le plus étendu des cinq (le père De Agostini était italien), annoncé par des verres de vin rouge et un air de Rigoletto
Et le glacier hollandais (distribution de fromage, nous n'avons pas retenu la musique qui devait l'accompagner), qui nous a offert, à la faveur d'une éclaircie, le visage le plus séduisant car laissant apercevoir les montagnes de la cordillère

En cuvant notre apéritif glaciaire, nous nous sommes ensuite engagés à la nuit tombante dans le canal de Beagle et avons aperçu les lumières d'Ushuaia, mais lui avons tourné le dos pour partir plein sud en direction du cap Horn.

Le lendemain matin, le bateau jette l'ancre dans la baie Wulaia, sur l'île Navarino, où Darwin a accosté en 1833 avec le Beagle. A l'époque, la région était peuplée par les Indiens Yamanas, et l'expédition en a ramené (= enlevé) quatre en Angleterre. Les Yamanas se sont vengés en massacrant des missionnaires revenus au même endroit en 1859. Depuis ils ont été décimés par les épidémies apportées par les missionnaires et les colons et ont pratiquement disparu (il reste une seule Yamana non métissée, âgée de 87 ans). Pour notre part, nous accostons en vue d'une pacifique promenade dans la forêt de Nothofagus (hêtres australs, de la même famille que ceux déjà vus en Tasmanie et en Nouvelle Zélande), accompagnés par la neige.

L'hiver français est trop doux ? essayez l'été austral !

Le bateau (ré)apparaît

Le soleil revient sur la baie
Nous ne profitons pas longtemps du relatif beau temps car, pour arriver au cap Horn, il faut sortir des chenaux protégés et traverser une grande baie ouverte sur l'océan (la baie de Nassau), où la mer est "formée"
La "passerelle" du bateau (poste de pilotage)
Après avoir jeté l'ancre à proximité du phare du cap Horn, le capitaine envoie deux zodiacs sans touristes tester les possibilités de débarquement sur l'île Horn. Nous recevons le feu vert et embarquons dans les zodiacs emmitouflés et ballotés par les vagues
Le gardien du phare nous attend en tenue militaire en haut de l'escalier de débarquement
Françoise dans l'escalier
En haut de l'escalier, la vue s'ouvre sur le phare

le monument aux cap-horniers, qui figure un albatros


et le cap Horn lui-même, falaise inaccessible de plus de 400m

L'association française (Saint-Malo) des cap-horniers a aussi érigé son monument
A découvert, le vent est féroce et ne laisse pousser que des touffes d'herbe
tandis que sous la falaise, la végétation est un peu plus hardie (salicornes ?)
La visite du phare est abrégée par les conditions météo, qui imposent un retour rapide et acrobatique au bateau (personne n'est tombé à l'eau!).

Après un dîner (où nous courons après les verres et les assiettes) et une nuit agités, nous accostons à Ushuaia, notre première étape argentine (toute la croisière s'est déroulée dans la partie chilienne de la Terre de Feu)
accompagnés par les mouettes ravies de revoir un bateau. Le port a été fermé la veille à cause du vent et notre bateau est le premier à accoster (difficilement, il a mis une demi-heure à se garer tandis que le bateau suivant a enfoncé le quai...)
Après trois jours et quatre nuits de mer, nous posons nos sacs trois jours à Ushuaia, à la Posada del Fin del Mundo, une grande maison familiale reconvertie en pension de famille.

Nous faisons quelques excursions dans le parc national et les montagnes environnantes, avant de revenir en avion vers la Patagonie continentale pour randonner dans les Andes (Torres del Paine et Los Glaciares). Ce sera l'objet du prochain article, dans une semaine ou deux en fonction des possibilités de connexion.

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