vendredi 26 février 2016

La Carretera Austral (1)

31 janvier au 4 février

La Carretera Austral (route australe) relie Villa O'Higgins à Puerto Montt, capitale de la région des lacs, soit un peu plus de 1200 kms principalement de piste en "ripio" (mélange de pierres et de terre). Sa construction a commencé en 1976 (sous le régime Pinochet, nous y reviendrons) et les travaux d'amélioration (consolidation ou goudronnage de certains tronçons) se poursuivent. Nous allons la remonter entièrement, dans le sens sud-nord, puisque nous sommes arrivés à Villa O'Higgins en provenance d'Argentine à pied/cheval/bateau (article précédent). 

La sortie de Villa O'Higgins
Notre bus 4x4 lors d'un arrêt photo peu après Villa O'Higgins
Premiers travaux
Après une centaine de kilomètres, la route se poursuit par un bac
qui permet de franchir un fjord du Pacifique, qui pour une fois mérite son nom
Pause déjeuner sur la plage du débarcadère
Nous reprenons notre route et croisons d'assez nombreux cyclistes, courageux sinon masochistes vu  l'état de la route et la poussière...La Patagonie et plus particulièrement cette route sont semble-t-il devenues des destination cultes pour les jeunes Européens ou Nord-Américains en quête de voyage initiatique, un peu comme le voyage à Kathmandu pour les générations précédentes. Les jeunes Chiliens font souvent aussi leur premier grand voyage sac à dos dans cette région, mais plutôt en faisant du stop (qui marche très bien)

Notre première étape sur cette route se termine à El Tortel, un village sur pilotis sur un autre fjord du Pacifique
La ressource traditionnelle du village n'est pas la pêche mais le bois
Le bateau des pompiers

Une petite randonnée sur les hauteurs du village nous permet de retrouver une forêt bien plus humide qu'autour du Fitz Roy, les pluies venant du Pacifique étant arrêtées par les Andes.

Fougères, le retour (elles nous manquaient depuis que nous avions quitté la Nouvelle Zélande)
Drosera (plantes carnivores) sur un tapis de mousse
Coicopihue (Philesia magellanica)
Nous reprenons la route australe vers le Nord, toujours accompagnés par des montagnes enneigées
puis par le rio Baker, le fleuve le plus puissant du Chili, encore totalement sauvage. Une campagne d'opinion efficace, "Patagonia sin represas",  est pour l'instant parvenue à stopper les projets de barrages.
Arrêt sur la place centrale de Cochrane, la seule "ville" (3000 habitants) à des centaines de kilomètres à la ronde, où la statue du cerf local ("huemul") remplace avantageusement (à notre avis) celle de l'habituel général victorieux...

Pique-nique sur l'herbe près du cerf. C'est l'anniversaire de Françoise et il y a donc une bougie sur le gâteau!
Encore quelques heures de route et nous arrivons sur les bords du magnifique lac Général Carrera, le deuxième plus grand d'Amérique latine après le lac Titicaca, où nous allons rester deux jours.

Arrivée en début de soirée
Au crépuscule

A gauche, le massif du San Valentin, point culminant de la Patagonie chilienne (4058m)

Il était au départ prévu que nous irions dans les montagnes visibles sur ces photos, au contact du champ de glace Nord. Le secteur étant fermé suite à un accident, nous allons à la place au bord d'une cascade surplombant le lac
 puis en bateau admirer les "chapelles de marbre" qui bordent le lac
au retour, le temps se gâte et le lac se transforme en une mer agitée
mais le capitaine tient la barre sous le ciel noir

récompense, un double arc-en-ciel
Le lendemain, dernière randonnée près du lac Général Carrera, nous grimpons sur un plateau couvert de fossiles marins
Du plateau, on aperçoit les glaciers descendant du champ de glace
Et en dessous du plateau, une forêt "enchantée" dont les arbres (nothofagus) sont couverts de lichens
Le lendemain, il pleut, ce qui nous aide à quitter cet endroit étonnant et à repartir vers le Nord en direction de Coyhaique, la capitale régionale (une vraie ville de 60 000 habitants) située à peu près à mi-chemin de la route australe. Nos compagnons de randonnée du groupe Atalante y reprennent l'avion tandis que nous continuons sur la route australe vers Puerto Montt avec un guide de l'agence chilienne Terra Chile.

mercredi 24 février 2016

Passage secret

29 et 30 janvier

Il existe au nord d'El Chalten un passage entre l'Argentine et le Chili qui se glisse entre les deux champs de glace de Patagonie en restant à basse altitude, mais il n'est pas praticable en véhicule à moteur, seulement à pied ou en VTT. C'est par là que nous retournons au Chili avant de remonter vers le Nord par la route australe (Carretera Austral) chilienne.

D'El Chalten, notre véhicule nous amène d'abord sur la rive du Lago del Desierto, que nous traversons en bateau.

Dernier regard sur le Fitz Roy depuis le lac, sous un ciel sans nuages (nous avons décidément beaucoup de chance, ce n'est pas habituel dans cette région)

A l'autre bout du lac, nous sommes encore en territoire argentin
Le poste frontière argentin, au bord du lac, où nos sacs vont être chargés sur des chevaux pendant que nous ferons à pied les 23 kms qui nous séparent du poste chilien.
Nous faisons connaissance avec Ricardo, dont les chevaux vont porter nos sacs et chez qui nous coucherons le soir
Le sentier qui traverse la frontière est également emprunté par de courageux vélocipédistes
Au col frontière, des panneaux indiquent que nous entrons au Chili




mais le poste frontière est encore à 15 kms
Sur le chemin, un pic (Carpintero gigante) au travail
une belle chenille
et, plus surprenant, un aérodrome sans doute d'intérêt stratégique (il y a une trentaine d'années, il y a eu des escarmouches dans ce secteur entre les deux pays)
Nous finissons par arriver au poste frontière chilien
et à la ferme de Candelario Mansilla, tenue par notre muletier Ricardo, où nos sacs nous attendent et où nous allons passer la nuit.
Le hameau de Candelario Mansilla porte le nom du grand-père de Ricardo et ne comprend que deux groupes de bâtiments : le poste frontière et la ferme. Il est situé au bord du grand lac O'Higgins, le plus profond d'Amérique latine (800m), qui nous sépare du reste du Chili. Pour continuer vers le Nord, nous allons traverser le lac jusqu'au village terminus de la Carretera Austral, Villa O'Higgins.

Le bateau en train d'accoster à Candelario Mansilla
Avant de prendre la direction de Villa O'Higgins, le bateau nous emmène sur un autre bras du lac admirer le grand glacier O'Higgins qui, comme le Perito Moreno, descend du champ de glace sud.

Au moment où nous avons pris cette photo, le capitaine nous annonçait que nous nous trouvions à 15kms du front du glacier
Le front du glacier de plus près (60m de haut, un peu plus que le Perito Moreno)
Une particularité de ce glacier est la marbrure d'origine volcanique (cendres d'une éruption ancienne) qui en traverse le front
"Fleurs" de séracs
Des membres de l'équipage partent faire une récolte de glace, sans doute dans un but scientifque ?
Pas seulement...
Certains icebergs sont trop beaux pour terminer dans un verre à whisky
 


Le point culminant du secteur, le Cerro O'Higgins (2960m)
Il est peut-être temps de préciser, pour ceux de nos lecteurs qui ne connaissent pas l'histoire chilienne, que Bernardo O'Higgins fut le "libertador" du Chili au début du XIXe siècle, comme San Martin en Argentine et Bolivar dans la plupart des autres pays d'Amérique latine. Beaucoup de rues, places et sites remarquables portent donc son nom au Chili.

Quittant le glacier, nous revenons vers Candeloro Mansilla puis suivons un autre bras du lac jusque Villa O'Higgins, avec en vue des montagnes plus sèches (situées en Argentine)
Et nous débarquons à Villa O'Higgins, où nous allons retrouver, sinon le goudron, du moins la route.